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Changer de braquet

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Lundi 20 mars 2023, le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) publiait le rapport de synthèse de son sixième rapport d’évaluation. S’il fallait faire la synthèse de la synthèse en une phrase, nous pourrions la résumer ainsi : l’urgence est absolue mais les solutions existent.

Parmi les solutions les plus significatives listées dans cette synthèse figurent « les transports en commun et le vélo » (cf encadré ci-dessous).

La science est donc formelle : le vélo fait partie des leviers significatifs pour décarboner le monde.

Rien qu’en France, citons deux chiffres pour illustrer ce potentiel :

  • Les transports représentent 31% des émissions nationales selon le Haut Conseil pour le Climat.
  • Avant la pandémie, la voiture représentait 60 % des déplacements domicile-travail pour des distances inférieures à 5 kilomètres.

Le potentiel est considérable. En selle !

 

Du vélo aux vélos

En quelques années, nous sommes passés de la traditionnelle bicyclette à différents types de vélos qui démultiplient les possibilités d’usage.

  • Un petit trajet autour de chez soi : le vélo classique fera très bien l’affaire
  • Une distance un peu longue ou avec du dénivelé ? Le vélo électrique est la solution idéale
  • Des courses ou un colis à aller chercher ? Le vélo cargo sera le mieux adapté
  • Des enfants à déposer à l’école : le longtail assure le trajet en toute sécurité

Le mode d’utilisation s’est aussi élargi pour s’adapter aux besoins spécifiques des utilisateurs.

Le vélo peut être détenu ou loué sur une longue durée par son utilisateur. Il peut aussi être partagé au sein d’une entreprise qui met des vélos à la disposition de ses collaborateurs. On peut aussi avoir recours aux flottes présentes dans la rue en free floating.

En bref, des vélos et des modes d’utilisation de toutes sortes pour faciliter et démultiplier les usages.

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Une pratique en plein essor

La pandémie aura au moins eu un effet bénéfique en mettant un coup d’accélérateur à la pratique du vélo.

Rappelez-vous 2020 et l’arrivée des « coronapistes ». Les Français se sont massivement appropriés ces pistes cyclables provisoires créées lors de la crise sanitaire. Leur succès a été tel que les collectivités locales en pérennisent une grande partie.

Ce succès fulgurant ne s’est pas arrêté sitôt la pandémie passée. Le vélo fait désormais partie des modes de déplacements plébiscités par les collaborateurs pour leurs trajets domicile-travail. Le terme « vélotaf » a fait son entrée dans le vocabulaire courant.

Ce qui paraissait un peu marginal il y a quelques années devient un mode de déplacement tout à fait usuel désormais.

D’après la plateforme nationale des fréquentations de Vélo et Territoires, l’usage du vélo a progressé de 39 % entre 2019 et le premier semestre 2022. En milieu urbain, la progression serait de 42 % et de 27 % en périurbain et en milieu rural.

L’essor se poursuit car cette même plateforme enregistre une progression post pandémie de 8% sur l’année 2022.  

Le triple intérêt du vélo

Une planète protégée :

Le recours à ce mode de déplacement doux et bas carbone diminue les émissions de gaz à effet de serre et réduit la pollution atmosphérique.

C’est donc positif pour le climat et pour la qualité de l’air que nous respirons.

Une santé améliorée :

Le vélo est une arme anti-sédentarité. Pédaler quelques minutes par jour fait du bien au corps et à l’esprit.

C’est donc positif pour le bien-être des collaborateurs.

Une efficacité renforcée :

En ville, le vélo est souvent le mode de transport le plus rapide. Les courbes de vitesse se sont d’ailleurs croisées avec la voiture. Désormais la vitesse moyenne en ville est de 15 km/h à vélo, contre 14 km/h en voiture.

C’est donc positif pour optimiser ses temps de trajet.  

Comment changer de braquet ?

L’œuf ou la poule ?

Faut-il attendre qu’il y ait des cyclistes pour développer des infrastructures dédiées ou faut-il développer les infrastructures pour attirer les cyclistes ?

La recherche est formelle, ce sont les pistes qui font les cyclistes.

Des chercheurs1 ont placé des compteurs dans 106 villes européennes au moment de la pandémie. Certaines villes ont mis en place des « coronapistes », d’autres non. Le résultat est sans appel : dans les villes ayant créé des pistes, les déplacements en vélo ont augmenté de 11 à 48% de plus que dans les villes qui n’avaient pas ajouté de pistes cyclables.

La France s’y engage (modestement) dans le cadre du plan vélo qui prévoit 250 millions d’euros en 2023 pour développer les infrastructures.

Pour changer de braquet, il faut donc investir massivement dans les infrastructures pour sécuriser, et donc encourager la pratique.  

Les dispositifs !

L’entreprise dispose désormais d’outils efficaces pour aider les collaborateurs à opter pour le vélo.

La mobilité partagée : l’entreprise peut mettre à disposition des vélos partagés utilisables par tous les collaborateurs selon des règles définies.

Le vélo de fonction : l’entreprise octroie un vélo de fonction à un collaborateur. Dans ce cas, elle peut louer le vélo en location longue durée et le confier au salarié. Ce type de dispositif prévoit un package complet comprenant le vélo, l’assurance, l’entretien, et les équipements.   

Le Forfait Mobilités Durables : l’entreprise peut verser jusqu’à 700 euros par an et par salarié. Ce montant est destiné à accompagner l’usage des mobilités douces pour les déplacements entre le domicile et le lieu de travail. Il peut, par exemple, servir à financer l’achat d’un vélo ou les équipements du cycliste.

Le Crédit Mobilité : le salarié renonce (totalement ou en partie) à son véhicule de fonction et peut bénéficier « en échange » d’un vélo et/ou d’une compensation financière sous forme de « cagnotte mobilités ». Cette cagnotte est ensuite utilisable pour financer ses déplacements professionnels ou privés. 

Pour changer de braquet, il faut donc déployer massivement ces dispositifs qui favorisent la pratique du vélo.  

C’est maintenant !

Terminons cet article comme nous l’avons commencé en citant le GIEC, et plus précisément Valérie Masson-Delmotte, climatologue française et membre du groupe international d'experts sur le climat :

« Nous sommes dans une situation difficile, qui peut s'aggraver. La question n'est pas d'être optimiste, mais de comprendre que nous sommes le dos au mur, et que des solutions existent. Il faut les mettre en place le plus vite possible et de la manière la plus intelligente possible ».

Déployons donc les solutions « le plus vite possible ».

Le vélo en fait partie et l’entreprise peut faire sa part en mettant en place les dispositifs incitatifs existants.  

L'équipe Business Intelligence Consulting