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Move & Rail : l’entretien croisé

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SNCF Connect, service tout-en-un des mobilités durables et leader du e-commerce français dans ce secteur, et ALD Automotive I Lease Plan lancent « Move & Rail ». Un dispositif pour maximiser les complémentarités véhicule / train et ainsi développer la multimodalité.

Marie-Laure Mallet, Responsable Business Développement Nouveaux Marchés chez SNCF Connect & Tech, et Clément Le Blanc, Responsable Marketing Nouvelles Mobilités chez ALD Automotive France nous partagent leur vision de la mobilité.

 

Qu’observez-vous sur le marché de la location longue durée ? Comment le secteur évolue, notamment au regard de nos impératifs de décarbonation ?

Clément Le Blanc : Le marché de la location longue durée est pleinement engagé dans la décarbonation des flottes d’entreprises. Nos clients ont la volonté de verdir leurs flottes, ce qui passe principalement par l’intermédiaire de l’électrification.

L’intérêt est donc fort mais très hétérogène avec des vélocités très variées selon les secteurs d’activité, la localisation et les types d’entreprise. Certains clients ont la capacité de le faire à courte échéance, d’autres doivent encore lever quelques freins (financiers, opérationnels…).

 

Vous parlez d’un changement de motorisation avec un passage du thermique à l’électrique. Voyez-vous aussi une évolution sur les modèles (taille, poids des véhicules…) ?

Clément Le Blanc : Aujourd’hui, les modèles électrifiés sont principalement des citadines ou des modèles à petite capacité. Par ailleurs, la domination du modèle type SUV sera peut-être remise en cause avec les évolutions réglementaires, notamment les modalités d’obtention du bonus écologique.

L’électrification est moins rapide sur les véhicules utilitaires légers qui ont des contraintes technologiques propres.

 

Pourquoi pense-t-on immédiatement au train lorsqu’on réfléchit à la manière de décarboner nos déplacements ? 

Marie-Laure Mallet : On pense effectivement en premier lieu au train pour décarboner nos déplacements pour plusieurs raisons.

D’abord, rappelons que le train a une empreinte carbone beaucoup plus faible que la voiture ou l’avion. En effet, voyager en train représente en moyenne 90%[1] de CO2 en moins qu’un voyage en avion ou en voiture.  

Ensuite, le train est un moyen de transport très efficace sur le plan énergétique avec une meilleure utilisation de l’énergie par passager.km parcouru. En effet, le train est un transport de masse qui permet de déplacer beaucoup plus de personnes qu’une voiture individuelle. C’est donc mathématiquement un moyen de déplacement plus efficace pour déplacer beaucoup de personnes en même temps.

Prenons un exemple concret : en Île-de-France, les rames de Transilien les plus capacitaires peuvent transporter jusqu’à 3 000 personnes. Si on fait un peu de maths, chaque train équivaut à 2 500 voitures, ce qui représenterait, à une vitesse moyenne de 80 km/h, une file d’attente de 115 km de long.

Enfin, la densité du réseau ferroviaire en France fait que la plupart des citoyens habite ou travaille à proximité d’une gare. On dit qu’en moyenne, un Français se trouve entre 10 et 15 km d’une gare. Ce maillage très dense est donc une chance et une opportunité d’utiliser le train pour, à la fois, réduire le nombre de véhicules individuels sur les routes, les embouteillages et les émissions de CO2.

 

Quand on pense train, on pense souvent au fleuron qu’est le TGV. Mais le train, c’est aussi celui du quotidien. Quels sont les trajets réalisés par les Français en train ?

Marie-Laure Mallet : Effectivement, il y quasiment autant d’usages du train qu’il y a d’usagers.

Pour les trajets du quotidien, ce sont souvent les trajets domicile-travail. Dans ce cas, les voyageurs peuvent utiliser un Transilien en Île-de-France, un TER ou un Intercités en régions, ou encore un tram ou des métros dans certaines agglomérations.

TGV INOUI est aussi utilisé pour le trajet domicile-travail puisqu’avec le recours au télétravail les Français se sont éloignés des grandes villes. Ils utilisent donc de temps en temps le train à grande vitesse pour revenir sur site ou au bureau. Nous avons d’ailleurs observé sur SNCF que les trajets longues distances qui ont connu la plus forte croissance en 2022 vs 2021 sont Paris <> Bordeaux et Paris <> Rennes et Paris <>Lille.

La digitalisation des titres de transport joue un rôle essentiel pour favoriser l’usage du train et plus largement les mobilités durables. Sur SNCF Connect nous avons par exemple vendus en 2022 autant de billets de TER que de TGV INOUI.

Le train est aussi, bien-sûr, utilisé pour le voyage loisir et pour les déplacements professionnels (aller voir un fournisseur, se déplacer sur un autre site, etc…). 

 

Sur quels types de trajets la voiture reste-t-elle prédominante ?

Clément Le Blanc : La voiture reste prédominante pour les trajets domicile-travail. 76% des Français continuent de faire leur trajet domicile-travail en voiture. 

C’est un chiffre qu’il faut analyser finement et qui dépend de nombreux paramètres. Il y a le type d’usage, la configuration familiale, ou encore la localisation.

Ce dernier paramètre est clé. Comme le disait Marie Laure, les Français habitent à proximité d’une gare, mais il n’y a pas forcément un moyen d’accès à la gare pour réaliser ce trajet de 10/15 km.

Il y a des gros centres très bien desservis (région parisienne et certaines mégalopoles) pour lesquels la voiture prend moins son sens. Mais il y a beaucoup de territoires peu desservis dans lesquels la voiture reste un outil de déplacement privilégiée.

N’oublions pas non plus que la voiture de fonction n’est pas qu’un bénéfice statutaire pour les salariés, c’est aussi pour beaucoup un outil de travail. Je pense notamment aux forces commerciales qui se déplacent beaucoup en journée et qui ne peuvent pas se permettre d’utiliser les transports en commun pour aller voir plusieurs clients dans la même journée. 

L’aspect culturel reste indéniable et il reste du travail à faire pour remplacer le déplacement en véhicule thermique lorsqu’une alternative plus propre existe. Mais pour les raisons que j’ai soulignées, l’alternative n’existe pas toujours.

 

Sur ces trajets domicile-travail où la voiture prédomine, qu’est-ce qui manque au train pour se substituer à la voiture individuelle ?

Marie-Laure Mallet : Comme l’a dit Clément, les Français sont très attachés culturellement à la voiture. Néanmoins, en période d’inflation, il devient très intéressant de comparer les alternatives à la voiture.

Les voyages en train peuvent être plus économiques que la conduite en voiture individuelle, surtout sur de longues distances, en tenant compte des coûts de carburant, de péage autoroutier, de stationnement et de l'usure du véhicule.

Il faut cependant accepter de « faire l’effort » de réaliser des déplacements intermodaux. Aujourd’hui, c’est encore un effort car il faut changer ses habitudes, combiner deux modes de transports, et surtout sortir de ses croyances.

Aujourd’hui, on utilise la voiture parce qu’on y est attaché et qu’on croit que c’est toujours plus confortable et plus rapide. En réalité, quand on regarde différents trajets, on se rend compte que les trajets intermodaux ne sont pas plus longs.  Dans de nombreux cas, les trajets en train, même intermodaux sont plus rapide qu’en voiture.

Contrairement aux idées reçues, Les trains sont généralement moins sujets aux retards par rapport aux voitures individuelles. Les trains sont fiables moins soumis que la voiture, aux conditions météorologiques ou aux pannes mécaniques ou aux embouteillages.

 

Comment la voiture peut-elle favoriser le recours au train ?

Clément Le Blanc : C’est là que nos visions se rejoignent avec SNCF Connect sur la nécessité de passer à l’intermodalité. On parlait de ce trajet de 10/15km pour se rendre à la gare pour lequel il n’y a pas forcément de moyens de transport disponible, dans ce cas présent, par exemple, la voiture prend tout son sens.

On peut pousser plus loin l’exercice de l’intermodalité avec des services partagés de véhicule, ou le covoiturage pour optimiser les usages de la voiture et diminuer les émissions de CO2 par usager.

Il y a également la complémentarité entre une petite voiture électrique réservée aux déplacements de courte distance et le recours au train pour les distances plus longues pour lesquelles ce mode de transport est plus rapide et plus confortable. Ce ne sont que des exemples, la liste est loin d’être exhaustive.

 

Quels sont les avantages qu’offre le train sur ce type de trajet ?

Marie-Laure Mallet : Nous l’avons dit, dans de nombreux cas, le train, est plus rapide que la voiture, même dans le cadre d’un trajet multimodal.

De plus, le train c’est confortable : les passagers peuvent se déplacer librement à l'intérieur du train, se détendre, travailler, se restaurer ou se socialiser, ce qui peut rendre le voyage plus « utile » par rapport à la conduite en voiture.

Ces conditions de voyage confortables permettent aussi la réduction du stress. Les passagers de train n'ont pas à se soucier de la navigation, du trafic ou de la fatigue liée à la conduite, ce qui peut réduire le stress associé aux déplacements.

Les gares ferroviaires sont souvent situées au cœur des villes, ce qui facilite l'accès aux destinations urbaines sans les tracas liés au stationnement et à la circulation. On peut même combiner un trajet en train avec un dernier (ou un premier) kilomètre à vélo. Sur certain train, les vélos sont acceptés gratuitement.

 

On comprend donc qu’il existe une vraie complémentarité voiture / train. Fort de ce constat partagé, ALD Automotive I LeasePlan et SNCF Connect viennent de lancer Move & Rail. En quoi consiste ce dispositif ?

Clément Le Blanc : Move & Rail est justement là pour traduire cette intermodalité qu’on essaie de prôner des deux côtés.

Utiliser exclusivement le train ne permet pas de répondre à l’ensemble des besoins.

Utiliser exclusivement la voiture nous confronte à des limites économiques et écologiques.

Donc l’idée est de pouvoir proposer une offre aux entreprises pour leurs collaborateurs, qui combine ces deux modes de transport. Une offre adaptée aux enjeux et qui répond aux besoins de la mobilité d’aujourd’hui.

Avec notre solution ALD MOVE, une solution digitale qui permet la gestion de budget de mobilité pour les employés, nous pouvons proposer un crédit mobilité partiel. C’est-à-dire, proposer à un collaborateur éligible à un véhicule de fonction, de pouvoir en réduire la taille avec un véhicule électrique de plus petite catégorie, et en compensation, de bénéficier d’un budget mobilité. Ce budget mobilité, dans l’offre Move & Rail, est utilisable exclusivement sur SNCF Connect grâce à une application ou une carte Mastercard, et pourra servir à acheter des billets de train à un prix avantageux. Cette offre permet en effet aux collaborateurs d’obtenir des avantages tarifaires équivalents à la carte Avantage SNCF.

Avec ce dispositif, le collaborateur pourra combiner facilement le train sur ses trajets longue distance et son véhicule électrique pour aller à la gare par exemple.

 

Avec Move & Rail, est-ce qu’on se rapproche de la notion de « train de fonction » ?

Marie-Laure Mallet : L’objectif, avec Move & Rail, est d’inciter les bénéficiaires de voitures de fonction à utiliser un peu moins la voiture et un peu plus le train. Pour y parvenir, nous comptons sur une expérience client fluide grâce aux outils digitaux ALD Move et SNCF Connect.

Move&Rail, c’est la solution tout-en-un à destination des salariés pour encourager le transport durable.

Le combat pour décarboner notre mobilité passe aussi par les déplacements professionnels et les trajets domicile-travail du quotidien. Donc oui, cette initiative en faveur de la multimodalité et du recours au train est un premier jalon vers la notion de train de fonction.

 

Pouvez-vous nous partager un use case de trajet multimodal efficace ?

Marie-Laure Mallet : Oui, il faut être concret pour qu’on puisse se rendre compte de ce qu’est l’intermodalité et des solutions concrètes qu’elle apporte.

Prenons l’exemple d’une personne qui habite Rue Daguerre à Compiègne et qui travaille à la Défense à Puteaux.

En voiture, selon le site Mappy, son trajet est de 79km pour une durée de 1H17, dont en moyenne 25 minutes d’embouteillages.

Avec un trajet multimodal, il peut se rendre à la gare de Compiègne en voiture (11 minutes), puis prendre le TER pour Paris (42 minutes) et enfin terminer son trajet par les transports en commun (20 minutes). Son trajet total durera 1H13.

Prenons un autre exemple d’une personne habitant Boulevard Charles de Gaulle à Arras et qui travaille au CHU O. Lambret de Lille.

En voiture, selon le site Mappy, son trajet est de 56km pour une durée de 1H03, dont en moyenne 25 minutes d’embouteillages.

Avec un trajet multimodal, il peut se rendre à la gare en voiture (5 minutes) ou à vélo (8 minutes), puis prendre le TER (38 minutes) et enfin terminer son trajet en marchant (17 minutes). Son trajet total durera 1H.

Ce qu’on constate avec ces deux exemples, c’est que le temps de trajet est quasiment le même entre voiture et intermodalité. En revanche, en choisissant l’intermodalité, ce temps de trajet sera « utile » et pourra être destiné à lire, travailler, ou encore se reposer…

 

Clément Le Blanc : Prenons un autre exemple, une personne qui vit en périphérie d'une grande ville de province et effectue son trajet domicile travail de 50 km seul dans sa voiture de fonction thermique. 
Grâce à Move & Rail et son budget mobilité, il passe à une voiture électrique plus petite, qui lui permet de rejoindre la gare SNCF à 15km, et termine son trajet en TER jusqu'à son travail. Ce trajet multimodal lui permet de gagner du temps (pas d'embouteillage), de pouvoir se reposer ou travailler dans le train, et d'économiser sur le trajet (péage et essence). De plus, il pourra utiliser son budget mobilité pour ses déplacements en train avec sa famille lors des départs en weekend ou vacances.

C'est bénéfique pour lui, sa famille, et la planète !

L'équipe Business Intelligence Consulting