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-90% d’émissions de gaz à effet de serre : cap sur 2040 !

En ce début du mois de février, un chiffre a particulièrement retenu notre attention : -90%.

Ce chiffre a été proposé par la Commission Européenne et fixe un cap dans notre trajectoire collective de décarbonation.

Lorsque l’on sait à quel point les émissions de gaz à effet de serre sont le reflet de nos modes de vie, prenons le temps de comprendre ce qu’implique ce -90% pour notre futur commun.

 

Dans quel cadre s’inscrit cette proposition ?

L’Europe s’est engagée avec volontarisme, depuis plusieurs années, à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Une volonté matérialisée par un objectif : la neutralité carbone en 2050.

La neutralité carbone, c’est un point d'équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre générées par l’activité humaine et l’absorption de ces mêmes gaz par des réservoirs naturels ou artificiels (les puits de carbone).

Dit autrement, en 2050, nous ne devrons pas émettre plus que ce que les puits de carbone peuvent absorber.

Les capacités des puits de carbone n’étant pas infinies, il convient d’abord de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre pour envisager que le reliquat soit absorbé par ces puits de carbone.

Pour y arriver, l’Europe se fixe des points d’étapes par lesquels passer pour atteindre cette fameuse neutralité carbone en 2050. C’est la trajectoire de décarbonation du Vieux Continent.

Le premier point d’étape se situe en 2030. Il est désormais bien connu et matérialisé par le plan Fit55. Fit55, vise à réduire nos émissions de 55% en 2030 par rapport à 1990, année de référence.

 

Qu’a proposé la commission européenne pour 2040 ?

La trajectoire pour 2030 étant désormais fixée et les mesures pour y arriver décidées, la Commission Européenne se devait de déterminer un nouveau cap.

Cet horizon est clé car il permet à l’ensemble des parties prenantes (entreprises, Etats, institutions financières…) d’anticiper et de se préparer à évoluer dans le cadre défini. C’est précisément ce qu’explique Wopke Hoekstra, commissaire au Climat :

« L'action climatique nécessite une planification dès maintenant (..) C'est un marathon, pas un sprint, et nous devons nous assurer que tout le monde franchit la ligne d'arrivée. »

La Commission Européenne a donc proposé un nouvel objectif pour 2040 : réduire les émissions nettes de 90% par rapport à 1990.

Ce chiffre n’est qu’une « recommandation » et doit être désormais discuté par les Etats membres.

Ces discussions cruciales doivent permettre d’établir des équilibres. La trajectoire doit emprunter un chemin de crête étroit capable de concilier ambition climatique, pérennité des emplois, justice sociale et compétitivité industrielle.

 

Où en sommes-nous sur la trajectoire de réduction des émissions ?

Un bon graphique vaut parfois mieux qu’un long discours. Celui réalisé par le journal Libération en fait partie.

Source : Libération

Quelques enseignements en synthèse :

  • Nous avons déjà réduit significativement nos émissions depuis 1990
  • Nous avons même dépassé l’objectif initialement fixé en 2020
  • Au regard des engagements actuels, nous nous approchons de l’objectif intermédiaire de 2030 (réduire de 55% nos émissions versus 1990)
  • Pour espérer atteindre l’objectif de 2040, de nouvelles mesures significatives seront nécessaires
  • L’objectif de 2040 recommandé par la Commission Européenne est la fourchette basse de ce que recommandent les scientifiques pour atteindre la neutralité en 2050.

Un graphique qu’on peut lire de façon optimiste en constatant la forte baisse déjà engagée ou de façon plus mesurée en réalisant la grande marche qu’il reste à franchir pour atteindre la neutralité carbone en 2050.

 

Qu’est-ce que ce nouvel objectif implique ?

Nous le voyons sur le graphique ci-dessus, les engagements actuels pris par les Etats membres nous conduisent à des émissions bien supérieures à l’objectif de 2040.

Si cet objectif est validé, il va donc falloir adopter d’autres mesures pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre.

La Commission Européenne a donné quelques chiffres sectoriels pour montrer ce qu’implique cette réduction de 90% des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990.

Pour le secteur des transports, cet objectif nécessiterait une réduction de 80% des émissions entre 2021 et 2040.

Avec cet ordre de grandeur (une réduction de 80% en 19 ans), les simples ajustements de l’existant ne suffiront pas. C’est bien qu’une révolution en matière de mobilité dont nous aurons besoin.

Nous disposons des solutions pour y parvenir. Elles ont été listées par le GIEC dans son dernier rapport. Ces solutions ont aussi été synthétisées sous forme de « leviers d’actions » par le chercheur Aurélien Bigo avec l’équation réalisée ci-dessous.

Electrification des véhicules, covoiturage, mobilités actives, intermodalité, mutualisation des services, développement des transports en commun, télétravail… autant d’actions qui agissent puissamment sur ces leviers pour décarboner la mobilité.

Tout l’enjeu désormais, c’est de les déployer massivement et le plus rapidement possible.

« The clock is ticking » : 2040, c’est demain.