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Comment l’inflation du coût des réparations impacte les primes d’assurance

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Dans un contexte économique marqué par l’inflation, la hausse des coûts de réparation automobile en cas de sinistre s’accélère. La tendance se répercute à présent sur les primes d’assurance. Daniel Engelvin, responsable du service production prix et contrat d’ALD Automotive, nous livre son analyse.

Prix des réparations et primes d'assurance

Quels sont les facteurs qui alimentent la hausse du coût des réparations ? 

Avant tout, rappelons que le calcul de la prime d’assurance d’une compagnie prend en compte le coût moyen des sinistres et leur taux de fréquence. La crise sanitaire marquée par une baisse des déplacements et des accidents routiers avait conduit les assureurs à ne pas augmenter les primes. Mais depuis deux ans, la réduction de l’accidentologie ne suffit plus à compenser la hausse des coûts de réparation. Selon l’organisme SRA (Sécurité et Réparation Automobile), le coût total des réparations a augmenté de 8,39 % sur le 2e semestre 2023. En détail, les pièces détachées ont progressé de 9,4 %, la main d’œuvre de 5,3 %, et la peinture de 9,5 %. Dans le même temps, les compagnies doivent gérer la recrudescence des catastrophes naturelles, en particulier la grêle, et la hausse des vols de certains modèles. Les véhicules sont aussi plus coûteux à réparer du fait des équipements de haute qualité de confort  et des technologies embarquées. L’électrification des modèles renchérit également leur prix de vente.

 

Cette accélération va-t-elle se poursuivre ?

Au vu du contexte, nous resterons en 2024 sur une tendance inflationniste. L’augmentation des prix dans la réparation automobile devrait s’établir aux alentours de 10 %. Elle se justifie par la hausse des coûts de l’énergie et des matières premières. Pour les flottes dont le taux de fréquence des sinistres apparaît maîtrisé, l’assureur est plus enclin à modérer l’augmentation des primes qui devrait s’établir entre 4 % et 5 %. Pour les entreprises confrontées à une dérive de l’accidentologie, l’enjeu est de suivre les indicateurs et de mettre en place des actions préventives comme la sensibilisation des conducteurs ou des formations à la sécurité routière, les accidents routiers étant  la première cause de mortalité au travail.

 

Quels sont les leviers pour limiter la hausse des primes d’assurance ?

Tout d’abord, nous orientons les véhicules sinistrés de nos assurés dans notre réseau de 5000 réparateurs agréés. Les accords passés avec les professionnels permettent d’encadrer l’inflation des coûts. Dans le même temps, les flottes peuvent faire le choix de l’auto-assurance en matière de bris de glace et intégrer sa gestion. La réduction de l’exposition réduit la charge de l’assureur, et par la même la fiscalité (associée à la responsabilité civile et à la garantie dommage) qui représente en moyenne 24 % du coût d’une formule tout-risque. Par ailleurs, avec l’inflation, la franchise perd son effet « moralisateur ». Le choix de certaines entreprises est donc d’augmenter les franchises de leurs contrats pour pondérer les primes. Cette tendance a été particulièrement marquée l’an dernier.

 

La solution du « pay as you drive » peut-elle constituer un axe complémentaire ?

Nous avons mis en place une solution de ce type en octobre 2021. Elle vise à corréler la prime d’assurance au comportement de conduite. Car ce n’est pas la voiture qui commet un accident, mais bien son conducteur. L’assurance flotte connectée (AFC) disponible via la télématique embarquée des véhicules permet de sensibiliser les utilisateurs. Elle attribue un score de conduite aux collaborateurs en fonction des résultats observés. Le gestionnaire de parc peut alors bénéficier d’un remboursement allant jusqu’à 20 % des primes payées. L’accompagnement des flottes dans une logique de confiance et de collaboration reste essentiel pour compenser la hausse des coûts des compagnies.