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Climat : le bulletin de note de la France

 

C’est le document tant attendu : le Haut Conseil pour le Climat (HCC), a publié son rapport annuel 2023juste avant la coupure estivale.

Ce rapport est absolument passionnant : il y est question de climat dans toutes ses dimensions : atténuation des émissions, renforcement des puits de carbone, amélioration des stratégies d’adaptation.

Le titre de ce rapport annuel 2023 est sans équivoque : « Acter l’urgence, engager les moyens ».

Tout un programme que nous prenons le temps d’analyser dans l’article de cette semaine.

 

Quel est le rôle du HCC ?

Le HCC est un organisme indépendant créé en 2018.

Il est présidé par la climatologue Corinne Le Quéré. Il compte parmi ses membres des professionnels connus et reconnus comme Valérie Masson-Delmotte, Céline Guivarch, Alain Grandjean, Laurence Tubiana ou encore Jean Marc Jancovici.

La mission du HCC est claire : il est « chargé d’évaluer la stratégie du gouvernement en matière de climat, et sa cohérence avec les engagements européens et internationaux de la France, en particulier l’Accord de Paris, l’atteinte de la neutralité carbone en 2050, et le respect des budgets carbone de la France. »

Voilà pourquoi son rapport annuel est attendu et mérite une attention toute particulière.

 

Quel est le bilan de la France en matière de lutte contre le changement climatique ?

Le HCC fait le point sur l’année écoulée. Dressons ici le bulletin de note de la France :

  • Atténuation : Passable. Doit mieux faire (et vite) !

Dit autrement, les émissions de gaz à effet de serre baissent, mais pas assez vite.

En regardant plus en détail, le HCC constate que les émissions baissent significativement dans le bâtiment et l’industrie, mais cette baisse est partiellement compensée par les hausses dans la transformation de l’énergie et les transports.
 

  • Adaptation : Recalé. La France n’est « pas prête ».

Le pays n’est pas encore suffisamment préparé pour faire face aux conséquences du dérèglement climatique (sécheresse, feux, canicules, baisse des rendements agricoles…). Pourtant, la France est déjà touchée et le sera encore davantage par ces conséquences.

 

Bref, on est loin des félicitations du jury et même si des avancées sont saluées, il va falloir redoubler d’efforts à la rentrée.

Une attention toute particulière est portée dans ce rapport sur nos puits de carbone et en particulier les forêts.

Ces dernières jouent un rôle écosystémique précieux car elles absorbent du CO2. D’ailleurs, lorsque nous parlons de neutralité carbone pour 2050, nous parlons d’un « équilibre » dans lequel 100% des nos émissions de CO2 résiduelles sont absorbées par nos puits de carbone.

Or, le rapport pointe un fait inquiétant : nos forêts captent de moins en moins de carbone à cause du ralentissement de la croissance forestière, de l’augmentation de la mortalité des arbres, des dommages liés aux incendies et du stress hydrique.

La préservation de nos puits de carbone devient un enjeu majeur pour tenir nos engagements climatiques.

 

Que préconise le HCC pour répondre à l’urgence climatique ?

Ne nous attardons pas davantage sur l’année écoulée et regardons devant.

Comment faire mieux ? Voilà la question la plus importante pour transformer le bilan en plan d’actions efficace.

Adaptation

Le HCC préconise d’accroître nos connaissances sur les impacts potentiels du changement climatique à l’échelle de chaque territoire. Une fois cette cartographie des risques affinée, l’enjeu porte sur la préparation des territoires pour accroître leur résilience en les transformant de façon préventive. Cette adaptation préventive est aussi indispensable sur le plan financier. On rappelle que le coût de l’inaction (entre 5 et 20% du PIB mondial2 est très supérieur à celui de l’action (environ 1% du PIB mondial).

 Il convient aussi de renforcer nos moyens de réaction : améliorer les dispositifs d'alerte, la préparation des populations, les moyens humains et logistiques de gestion de crise…

 

Atténuation

Le HCC invite la France à revoir à la hausse ses objectifs de baisse d’émissions pour s’ajuster à l’ambition européenne « Fit for 55 ».

Ensuite, le HCC propose des solutions de gouvernance pour améliorer l’efficacité des politiques publiques : mise en débat, planification, identification des responsabilités, renforcement de la contrainte juridique, suivi et pilotage…

Enfin, le HCC s’attaque au nerf de la guerre : transformer l’économie. Il suggère davantage de liens entre ambitions climatiques et politiques économiques, notamment par l’intermédiaire de la fiscalité.
 

Il s’agit, par exemple, d’en finir avec les subventions aux énergies fossiles et d’utiliser le budget vert pour catalyser la transition.

Le HCC n’oublie pas le moteur de la consommation qu’est la publicité et propose de poursuivre son encadrement pour éviter la promotion de modes de consommation carbonés.
 

Quel bilan et quelles perspectives pour le secteur des transports ?

Après cette analyse globale du rapport, regardons plus précisément la déclinaison sectorielle pour le secteur du transport. Ce secteur nous intéresse à double titre :

  • C’est le premier poste d’émissions en France (32% en 2022), donc chaque action visant à réduire ce poste compte très significativement
  • C’est un secteur pour lequel les solutions existent et où tout l’enjeu porte sur leur déploiement et leur vitesse de déploiement

Le secteur des transports a vu ses émissions augmenter en 2022 de +2,3 %. C’est le mauvais élève de la classe. A l’intérieur de ce poste, ce sont les émissions liées aux véhicules des particuliers qui contribuent le plus à cette augmentation. L’électrification progresse mais ses effets sont (pour le moment) annulés par l’augmentation constant du poids des véhicules.

Le HCC ne manque pas de propositions pour faire progresser le secteur. Voici les 5 axes prioritaires :

  1. Renforcer les outils pour le verdissement des flottes
  2. Accompagner les ménages et les professionnels dans le déploiement des alternatives modales
  3. Renforcer et mettre en cohérence les stratégies pour le transport de marchandises
  4. Accélérer le déploiement des infrastructures et des services ferroviaires de qualité
  5. Définir le modèle de décarbonation de l’aérien

Le rythme de baisse des émissions doit être multiplié par un facteur 3,5 à 5 pour les transports.
 

Résumons en citations et chiffres clés du rapport !


 

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